mercredi 13 juillet 2011

Six mois plus tard, la révolution tunisienne...]


Fin 2010. C’est un petit pays, à peine 10 millions d’habitants... Héritage d’un passé lointain, on y parle deux langues. Le gouvernement expédie les affaires courantes car il est provisoire. Le premier ministre a déjà beaucoup servi. Les pays voisins, la France notamment, y contrôlent un paquet d’entreprises. L'Europe libérale y a imposé sa loi.
Ce pays s’appelle la Tunisie. Le 28ème pays européen en quelque sorte. Celui dans lequel plus de 2200 entreprises européennes -dont 160 belges- afin de pouvoir exploiter en toute quiétude, profitent des services de « notre ami Ben Ali » qui y fait régner l’ordre et la discipline. L'U.E., instrument du capital, a ficelé une convention de partenariat avec la Tunisie de Ben Ali tout à l’avantage de ces entreprises : détaxation totale, liberté d’exporter leurs bénéfices, absence de droits de douanes pour les produits réexpédiés vers l’Europe et paiement des « charges sociales » patronales par l’État tunisien… Cerise sur le gâteau, moyennant une « légère rétribution » -sans doute captée par le clan mafieux des Ben Ali/Trabelsi- l’état policier est chargé de bloquer toute migration vers l’Europe.
L’acte désespéré d’un jeune précaire met le feu aux poudres. La contagion est rapide : jeunes chômeurs, travailleurs précaires, lycéens, étudiants et travailleurs organisés entrent successivement dans la lutte. La classe moyenne fragilisée et endettée suit.
Un mois après le début du mouvement, le 14 janvier 2011, la grève générale oblige le tyran à s’enfuir en catastrophe (oubliant même de vider ses armoires à Sidi Bousaïd). Nul doute qu’au dernier moment, ses employeurs ont compris qu’il était temps de le lâcher pour préserver l’essentiel. Mais c’est le peuple qui l’a obligé à dégager.
Par la suite, fort de cet exemple, c’est tout le versant sud de la méditerranée qui se met en mouvement, chassant ou ébranlant sérieusement le pouvoir en Egypte, en Libye, au Yémen, à Bahreïn, à Oman, au Koweït, en Jordanie, en Arabie Saoudite, en Algérie et au Maroc. Et l’onde de choc s’est fait ressentir au Burkina, en Chine…
Six mois plus tard, la révolution tunisienne a (momentanément) suspendu sa marche mais elle a redonné un sens à nos combats ici.
A nous de profiter de ses enseignements.
D’abord la puissance des masses en mouvement. Ensuite la rapidité avec laquelle le peuple apprend dans la lutte, et la radicalisation qui en découle. La révolution, ce n’est pas qu’un moment, c’est une dynamique porteuse. Ceux qui se sont lancés dans le mouvement pour améliorer leur sort ne veulent pas arrêter avant d’avoir achevé le processus, ni le limiter à un nettoyage sommaire.
Enfin que la violence ne vient pas du camp de la révolution mais est utilisée par le pouvoir pour se maintenir coûte que coûte.
Le 13 juillet 2011 fRED